Madagascar est le seul pays au monde où le revenu par habitant a reculé en dollars constants (de 30 % !) depuis 1960, l'année de son indépendance.
Il est aujourd’hui inférieur à 400 dollars, très proche du pays le plus pauvre du monde (Sud Soudan). Les trois quarts de ses 25 millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté et le pays connait des épisodes récurrents de peste, indicateur certain de sous-développement
Cette situation représente un énorme gâchis quand on sait que les terres de la quatrième île de la planète sont un « rêve d'agronome » selon les experts. Ses plages et paysages ont aussi de quoi séduire les touristes, et ses réserves de nickel, cobalt ou d'or sont impressionnantes.
Autre atout, Madagascar n'est pas déchirée par les tensions interethniques, sources de sous-développement dans de nombreux pays, le pays n’a connu guerre depuis 1960 et le pays connait peu de violences (cambriolages ou agressions).
Madagascar connaît même des épisodes de croissance encourageants, (+5 % l'an dernier), une croissance financée notamment par de vastes investissements publics.
Le Fonds monétaire international, qui a présidé en 2016 à la mise en place d'un programme de réformes adossé à une Facilité élargie de crédit, attend +5,3 % cette année, si aucun cyclone ne vient ravager les plantations de vanille.
Madagascar qui produit 80 % de la vanille dans le monde, dépend beaucoup de l'exportation de cette épice, la plus chère au monde derrière le safran.
Le chef de l'Etat malgache, Hery Rajaonarimampianina, se targue aussi d'avoir obtenu il y a un an 6,4 milliards de dollars de promesses des bailleurs de fonds internationaux pour son état.
Mais depuis des décennies, les épisodes de croissance sont annulés par des crises politiques (une toutes les six ans depuis 1991). La dernière, en 2009, a vu le pays ostracisé par la communauté internationale.
Une fatalité qui n'a rien de fortuit, selon les chercheurs de l’IRD Mireille Razafindrakoto, François Roubaud et Jean-Michel Wachsberger. (IRD Unité Mixte DIAL: Développement institutions et mondialisation).
Ils estiment que dans une économie « de rapine », avec des rentes faciles à prélever sur les ressources naturelles ou l'aide extérieure, tout décollage économique suscite des jalousies au sein d'une « hyper-élite de dix mille personnes » qui ne se souhaitent pas simplement « faire grossir et répartir le gâteau ».
Ces jalousies conduisent régulièrement à des tentatives de renversement du pouvoir. Selon ces chercheurs, auteurs de l'ouvrage « L'énigme et le paradoxe » paru récemment, la faiblesse des corps intermédiaires et des institutions (le pays figure au 155e rang mondial sur 180 en matière de corruption) et la paupérisation de la classe moyenne ne permettent pas de sortir de ce cercle vicieux. De quoi douter d'une amélioration substantielle de la situation après l'élection présidentielle qui se tiendra le 24 novembre prochain…