L'un des objectifs de développement durable des Nations unies (ODD) : « Garantir l'accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable » semble difficile à atteindre !
C'est ce que constate la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) dans son rapport sur les pays les moins avancés (PMA) publié fin 2017. Les 32 Etats africains qui composent la grande partie de ces 47 PMA sont en première ligne.
577 MILLIONS
C'est le nombre d'habitants des pays pauvres qui n'ont aucun accès à l'électricité.
Au total, 577 millions d'habitants, soit 62 % de la population des pays dits « les moins avancés » n'ont pas accès à l'électricité. Ces habitants se concentrent dans les campagnes (82 % des personnes vivant dans les zones rurales n'ont pas d'électricité). Un constat qui n'a rien de surprenant, les investisseurs se concentrant sur les grandes zones urbaines et les méga projets industriels comme les mines pour financer d'importantes infrastructures électriques lesquelles demandent entre 20 et 40 ans de travaux.
Le Sénégal meilleur élève
A part le Sénégal dont plus de 50 % de la population dispose d'un accès à l'électricité, tous les autres PMA se situent très en dessous de ce chiffre. A titre comparatif, les autres pays en développement (non PMA), affichent en moyenne un taux de raccordement au réseau de 90 % !
Les grands projets en question…
L'Ethiopie double sa capacité de production électrique en inaugurant un nouveau barrage.
Ce type de grand projet peut susciter des réticences compte tenu de l'environnement politique risqué des pays en question. Ces programmes ne fonctionnent pas toujours de manière optimale. « Plus de 40 % des entreprises sont freinées dans leur activité de production par un approvisionnement en électricité inadéquat, peu fiable et trop coûteux », relève la Cnuced.
Les capitaux manquent
Au-delà de cette caractéristique, les capitaux manquent. « Seulement 1,8 % de l'aide publique au développement, soit 3,8 milliards de dollars par an, est dirigée vers l'énergie. Pour atteindre d'ici à 2030 l'objectif 7 des ODD, il en faudrait entre 12 et 40 milliards de dollars chaque année », constate, Rolf Traeger, économiste à la CNUCED et coauteur du rapport.
Une production électrique en hausse, mais insuffisante !
Des efforts considérables ont bien été réalisés. La production d'électricité des PMA a quadruplé entre 1990 et 2014. Mais la production par habitant n'a été multipliée que par 2,5, la croissance démographique en étant la cause.
« Ni les capacités de production ni la production elle-même ne sont parvenues à suivre l'augmentation du nombre de personnes devant avoir accès à l'électricité. », souligne le document. La capacité de production d'électricité installée et la production par personne ayant accès à l'électricité sont actuellement inférieures de 50 % et 20 % respectivement par rapport aux niveaux de 1991.
Que faire ? Pour Rolf Traeger, « la solution passera par un savant dosage de financement entre des grands projets d'infrastructures (le réseau), des miniréseaux et des dispositifs autonomes comme des panneaux solaires ou des éoliennes dans les endroits les plus reculés des pays.
Des énergies renouvelables moins chères : l’importance du photovoltaique
Les nouvelles technologies énergétiques peuvent constituer une solution.
Le coût de certaines énergies renouvelables a sensiblement baissé. « Par exemple, le coût des panneaux solaires photovoltaïques a diminué de 85 % au cours de la décennie écoulée », note le rapport.
Ces technologies seront disponibles à la seule condition d’un effort financier des bailleurs de fonds internationaux et publics, avec une mobilisation du secteur privé via des partenariats public-privé.
Au Niger, des panneaux solaires fournissent l'énergie nécessaire pour pomper de l'eau qui est acheminée dans le château d'eau du village de Safo Nassarawa, près de Maradi.
Pour garantir l'accès universel à l'électricité dans les PMA d'ici à 2030, « il faudra que les réseaux desservent 571 millions de personnes en plus, les mini-réseaux 341 millions de personnes en plus et les dispositifs autonomes 114 millions de personnes en plus ».
Tel est l'enjeu !
Source : Les Échos
Crédit photo : CNUCED / ISSOUF SANOGO/AFP